Musique

Before : Valse Noot + La Terre Tremble ! ! !

En attendant Invisible

samedi 11 novembre 2017

Le P’tit Minou • Brest

Une fois de plus, la Team Le Festival Invisible vous a concocté une programmation exigeante, vivifiante, ambitieuse et alléchante pour son traditionnel rendez-vous de novembre qui se tiendra du 15 au 19 novembre.

Histoire de se mettre en jambe, on vous propose une petite soirée bien dans l’esprit du festival avec deux groupes qui y ont déjà participé les années précédentes : VALSE NOOT & LA TERRE TREMBLE.

VALSE NOOT

Free rock noise, voici comment se définissent les brestois de VALSE NOOT.
Et c’est précisément ça : free, oui, car les VALSE NOOT se laissent des plages de liberté sauvage quasi incontrôlées au cœur de morceaux mélangeant rock, noise, métal, et expérimentations électroniques.
Une intensité brute, loin des sentiers battus, qui, depuis 7 ans à l’aide d’un EP (2012), d’un album (So straight architecture - 2015) et de prestations scéniques hystériques et sans concession, ont fait leur réputation.

Un cocktail radical dans un déferlement de bruit et de fureur, qui fera valser les danseurs les plus hystériques.

LA TERRE TREMBLE

Cela fait maintenant dix ans que le trio La Terre Tremble !!! redéfinit à chaque nouvel album ses propres frontières, sa tectonique musicale intime, poursuivant sa quête obsessionnelle d’une musique chimérique et fourmillante de détails, illusionniste et délicatement chaotique, aussi évidente et mélodieuse que savante et sophistiquée. A défaut de pouvoir « arrêter le monde », les trois voyous expérimentateurs tendent toujours vers un particularisme un peu difforme et hors du temps, prenant le genre musical comme un cadre à transcender, et le son – qu’il soit électrique, acoustique ou électronique – comme matière première de constructions aurales précises, précieuses, aussi entêtantes qu’insidieuses. Leur nouveau disque s’appelle ’Fauxbourdon’, et qui sait, il vous faudra peutêtre autant de temps pour l’apprivoiser qu’il leur en aura fallu pour l’enfanter.

Formé en 2005 par trois rennais-clermontois multiinstrumentistes bricoleurs – Julien Chevalier, Benoît Lauby et Paul Loiseau – La TT !!! s’est fait connaître lors de la sortie de ‘Travail’ en 2009, puis de ’Salvage Blues’ en 2012, drôle d’album un peu tragique et extatique duquel débordait un blues martial et extra-terreste, psychédélique… sans en être vraiment. De fait, on a pu parler d’eux à l’époque comme d’un groupe – au choix – progressif, expérimental, labyrinthique, post-punk, folk-rock, électronique, industriel, krautrock, math-rock, new wave… autant d’étiquettes manifestant un certain vertige à l’idée de vouloir cerner leur musique, alors qu’eux ne visent probablement qu’à un carambolage entre une musique « pop » et une autre plus « savante. ». Sur scène, le groupe s’est par contre fait plus brut, doté d’une batterie-de-fortune maltraitée par un chanteur plié en quatre, deux guitares folles et un tas de bordel électronique. Après quoi ils ont passé trois années à sillonner les routes avec l’impressionnant ciné-concert « Tom & Jerry » ayant pour toile de fond d’obscurs cartoons à la saveur surréaliste des années 30, et au sein duquel ils ont troqué leur show électrique et frontal contre une instrumentation plus électronique et acoustique.

Aujourd’hui donc arrive ce ‘Fauxbourdon’, soit un recueil de dix chansons à la fois douces et menaçantes, étrangement inquiétantes ou délicatement anxiogènes, scrutant l’ébullition d’une vie « s’écoulant en un mouvement toujours à la limite de l’explosion ». C’est d’ailleurs plutôt chez les Bodysnatchers de Don Siegel, mais aussi chez Friedkin, Peckinpah, Frankenheimer et Aldrich qu’il faut chercher les premières inspirations du groupe lors de la composition de ces chansons. Ce « faux bourdon » auquel ils font référence y évoque moins la basse continue en musique qu’un mystérieux bruit de fond englobant l’existence, une sourde rumeur inaudible à l’oreille nue, un fog invisible mais « toujours présent », comme un faubourg (pour jouer sur les mots) rêvé par John Carpenter, ou la rémanence sonore d’une explosion passée.

C’est certainement l’album de La TT !!! le plus étrange, déroulant un songwriting alien, un peu freaky , aussi gracieux que grinçant. Les voix s’y font plus caressantes et lointaines, les guitares y sont plus fantomatiques, faisant la part belle aux timbres synthétiques et aux rythmiques primitives pas tout-à-fait électroniques… On croirait entendre des ballades grimaçantes futuristes, du R’nB progressif, de faux soundtracks de cinéma de genre italien… Çà et là sont disséminés des clins d’œil à la synthpop japonaise de Ryuichi Sakamoto & Haruomi Hosono, aux compositions d’Ennio Morricone pour Elio Petri, à la library-music de laboratoire (façon BBC Workshop, White Noise, John Baker, ou l’Aphex Twin de pianos et batteries modifiées), ainsi qu’à Robert Wyatt, Syd Barrett ou Arto Lindsay. On y entend même de belles et amples harmonies vocales, mais comme venues d’une Californie privée de soleil, autarcique, évoquant le Brian Wilson neurasthénique de la période « Smiley Smile », les morceaux les plus bizarres de Curt Boettcher (Sagittarius, The Millenium) ou les expérimentations pop de Jim O’Rourke. On y croise enfin Ernest Bergez – aka Sourdure – propageant son tralala en Occitan le temps d’une chanson et orientalisante ravivant « l’amant parti en guerre », ainsi que Samplerman (aussi connu sous le nom d’Yvang), l’énigmatique artiste se cachant derrière le collage foldingue de la pochette.

Cultivant l’évidence mélodique autant que l’expérimentation électro-acoustique, la présence pure autant que la dérive (des continents ?) imaginale, La Terre Tremble !!! semble nous chanter : « Less is more… but more is better », plus que jamais.

LINE-UP
Julien Chevalier : guitare, synthétiseurs, chant
Benoît Lauby : guitare, basse, synthétiseurs, autoharpe, chant
Paul Loiseau : batterie, percussions, synthétiseurs, guitare, autoharpe, claviers, piano, chant