Les disques de la rentrée 20 (1/2)

En partenariat avec Bad Seeds

vendredi 2 octobre 2020

Vous l’attendiez avec impatience, la voilà : la sélection des disques de la rentrée par Bad Seeds, recordshop indépendant à Brest.
La 2nde partie par ici...

Run The Jewels - RTJ4 (BMG)

Run The Jewels est né de la collaboration unique entre EL-P, légende du rap indé US, membre fondateur de Company Flow et cofondateur du défunt label Def Jux, et Killer Mike, autre légende du rap d’Atlanta. Musicalement sur RTJ4, les productions d’El-P semblent renaître. Le parfait équilibre entre old school et modernité demeure, mais le tout sonne incontestablement plus agressif, brutal et tonique que jamais. Les beats et les sons s’inspirent autant de la old school du rap que de la synth-punk, des saxophones barrissent avec fureur, des mélodies guerrières sont entonnées, un enfant gueule à coups de motherfucker, des riffs de Gang of Four sont cités. Des artistes de la culture black et aussi du rock sont invités : les vétérans Greg Nice et DJ Premier, l’activiste chanteuse soul Mavis Staples, le chanteur de Queens of the Stone Age, le hitmaker afro-pop Pharrell Williams et même Zach de la Rocha de Rage Against The Machine. Avec la sortie de ce quatrième album studio, Run the Jewels avec son rap engagé et enragé, devient un acteur emblématique de la réplique hip-hop aux abus policiers que l’on observe aux USA. Run The Jewels réussit à se moderniser sans changer ses fondamentaux, et rappelle les bases sans jamais perdre de vue l’actualité. Un album acide et musclé

Tricky - Fall To Pieces (False Idols)

Aux côtés de Massive Attack et de Portishead, Adrian Thaws, alias Tricky est l’un des instigateurs du trip-hop, ce genre hybride de hip-hop, de soul, de house et de dub qui agita la ville de Bristol puis toute l’Angleterre au milieu des années 1990. Auteur d’une œuvre singulière, à la fois sensuelle et inquiétante, cet artiste inclassable a développé depuis un quart de siècle un univers complexe, brouillant volontiers les pistes et multipliant les collaborations sous différents pseudonymes. Tricky a su se réinventer au fil des ans avec une orientation plus pop. Aujourd’hui sort son 14éme album Fall to Pieces, sur lequel il défriche encore de nouveaux territoires, entouré de sa nouvelle muse, la chanteuse polonaise Marta Zlakowska (déjà présente sur l’album Ununiform). Un retour gagnant, Une pop sombre dont la beauté froide passe par des titres aux rythmes nerveux ou des ballades mélancoliques aux mélodies fantomatiques.

Makaya McCraven - Universal Beings E&F Sides (International Anthem)

Voici un nouveau projet du batteur et producteur Makaya McCraven, basé à Chicago : un addendum à son album Universal Beings sorti en 2018. Universal Beings E&F Sides présente quatorze nouveaux morceaux de beat music organique extraits des sessions originales, préparés et produits par Makaya comme bande sonore du film documentaire Universal Beings. Dans ce nouveau documentaire, il décompose le processus créatif derrière son mélange unique de jazz. McCraven propose un mélange de compositions nouvelles et remixées inspirées par son album 2018.. Il tire ici des usages multiples de matériaux anciens, les transformant en quelque chose de tout aussi frais et résonnant. Le fait qu’il ait donné une nouvelle vie à un album déjà brillant fait de lui l’un des créateurs les plus innovants du jazz en 2020.

Freddie Gibbs & The Alchemist - Alfredo (ALC Records)

Alfredo, le nouvel album collectif du rappeur Freddie Gibbs et du producteur The Alchemist, est à l’origine de la fascination pour la mafia italienne. De sa belle pochette signé Mario Puzo (auteur du Parrain), aux divers dialogues de films de gangsters tout au long de l’album, l’album célèbre l’esthétique mafieuse tout en reconnaissant sa profonde laideur. Ce duo Freddie Gibbs-The Alchemist fonctionne à merveille et confirme la présence de deux puissances du rap. Il est plaisant de revenir à ce genre de recette plus classique, d’autant plus vue la qualité des invités (Rick Ross, Tyler The Creator, les rappeurs de Griselda, Benny The Butcher et Conway The Machine). Tous les morceaux coulent de source et se laissent porter par la présence charismatique de Gibbs. Une nouvelle sortie pour le rappeur de l’Indiana qui vient consolider un peu plus encore sa domination dans le rap game

Sufjan Stevens - The Ascension (Asthmatic Kitty Records)

Sufjan Stevens est de nouveau au sommet de sa forme avec ces compositions pop expérimentales, son goût pour l’expérimentation riches en bidouillages en tous genres, son extravagance et sa voix angélique. The Ascension, huitième album du brillant Sufjan Stevens est sophistiqué et élégant, mais doux et agressif, déroutant et réconfortant, l’album est à la fois un exorcisme et un exercice, une rupture avec ses précédents travaux. 15 nouvelles merveilles signées Sufjan et ça, ça n’a pas de prix !

Kelly Lee Owens - Inner Song (Smalltwown Supersound)

La productrice électronique galloise Kelly Lee Owens sort son deuxième album sur le label norvégien Smalltwown Supersound. Faisant suite à un premier album éponyme explorant de nouveaux territoires sonores, établissant une esthétique bien personnelle et faisait un pont entre la techno caverneuse, la pop spectrale et le krautrock. Inner Song, son magistral (n’ayons pas peur des mots) deuxième album est plus intime, il explore sa douleur personnelle, à coup de boucles vocales, rythmes entrainants en perpétuel crescendo. Kelly fait encore preuve d’une grande maturité musicale, accro aux dance-floor, enregistreuse de sons qu’elle détourne, met en scène, déforme et réinjecte derrière de mystérieuses envolées vocales. C’est réellement une artiste fascinante qui continue de surprendre avec son spectre musical capable de passer d’une techno froide à des incursions pop beaucoup plus éthérées. L’album qui nous a fait danser tout l’été. L’album qui nous fait se sentir bien. Un Best of 2020.

A suivre...

Bad Seeds c’est quoi ?

Bad Seeds est un lieu de vie indépendant dédié à la musique alternative.
Conférences, galas promotionnels, blind test, expositions, ateliers, actions culturelles, billetterie, vinyles neufs, disques compact lasers, musicassettes, fanzines, presse spécialisée, mais aussi une présence sur les festivals et concerts de la pointe bretonne rythment la vie du Bad Seeds depuis la création en 2015.

Cette association a réussi à trouver sa place au cœur de la ville, a tissé des liens avec de nombreuses structures, est devenue le lieu ressource incontournable des musiques à défendre et à valoriser. Une activité en croissance et toujours des projets plein les tiroirs !

Bad Seeds Recordshop
26 rue Massillon (Place Guérin) à Brest

Ouverture du mardi au samedi de 11H à 19H non stop
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