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"La géoverrerie, de la rade de Brest aux îles du Ponant" de Lucile VIAUD

lundi 26 septembre > jeudi 20 octobre 2022

Les Abords, espace d’exposition • Brest

Lucile Viaud explore le lien intime entre paysage et matière, et crée sa « géoverrerie », s’attelant à la transformation de coproduits locaux et de ressources délaissées en verres naturels. Au fil des projets menés dans différentes régions, elle met en lumière l’influence de la provenance des matières premières sur la nature des verres obtenus. Défendant l’idée que le rebut est un trésor en attente d’être sublimé, elle sensibilise à la préservation de nos ressources naturelles et de notre patrimoine par une démarche de recherche-création investie pour l’Art-Science.

En résidence au sein de l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes, elle mène depuis 2018 différents travaux de recherche tant sur les compositions verrières que sur leurs possibles applications. Convaincue qu’œuvre d’art et contribution scientifique forment un objet insécable, elle conduit sa production et sa recherche en suivant un protocole de travail précis appris par l’expérience et le partage avec les chercheurs de différents horizons qu’elle côtoie. Considérant sa géoverrerie comme champ de recherche, elle consigne régulièrement son travail par l’objet, l’écrit et l’image, nourrissant son répertoire au fil des verres développés.

L’année 2022 voit également arriver le nouveau Verre des îles du Ponant, véritable tournant dans la démarche de Lucile Viaud qui en fait un cheval de bataille lui permettant d’aborder la question des outils de production artisanaux au regard de la crise énergétique que nous traversons.
De la rade de Brest aux îles du Ponant, l’exposition proposée aux Abords invite à voyager dans cette géoverrerie, à travers une sélection de pièces et de photographies filant la métaphore de la coquille.

La géoverrerie est l’idée que le verre est capable de refléter les caractères naturels et humains de la région dont les matières premières qui le composent sont issues. En contraste des matériaux bruts tels que le bois ou la pierre, le verre, premier matériau de « synthèse », résulte du travail de l’homme en quête du point presque magique sur un mélange d’entrants aboutissants à une réaction chimique rendue possible par le feu.
Que pourrait refléter un Verre des îles du Ponant ? Comment réunir ces quinze îles à travers une matière commune tout en valorisant la spécificité de chacune ? Raconter le patrimoine naturel, humain et historique de chacune des îles du Ponant par le verre est l’objectif du projet initié en janvier 2020, en partenariat avec l’association Savoir Faire des Iles du Ponant. Fours à soude, à sel, à chaux, à pourpre… Depuis toujours, le savoir-faire insulaire s’est nourri du feu. Aujourd’hui, céramistes et verriers s’établissent sur ces îles et les « arts du feu » poursuivent l’histoire. S’atteler à la création d’un verre inter-île amène aussi à questionner nos outils de production au regard des problématiques et des valeurs insulaires.

Depuis l’identification et la récolte des matières délaissées, jusqu’à la production de la première pièce en verre, différentes étapes sont nécessaires ; concasser, broyer, tamiser puis fusionner. Penser ces étapes in situ, rêver un outil poétique et sculptural, sont autant de prétextes à l’échange et à l’entreaide. Se réunir autour du feu, faire de la production du verre une fête, partager. Nourri par le patrimoine insulaire et par les techniques les plus primitives identifiées, un travail de recherche est mené depuis début 2022 sous le prisme des low-tech en partenariat avec le site de Brest de l’EESAB et l’ENIB.