Expo

Retour à Garedjia : sur les pas défendus de Maya Tevally

mardi 26 mars > vendredi 5 avril 2019

Faculté des Lettres et Sciences Humaines • Brest

Retour à Garedjia : sur les pas défendus

Exposition de Maya Tevally dans le cadre du colloque La Retirada et l’exil républicain espagnol en Bretagne, 80 ans après (1939-2019). Histoire, mémoire, création

du 26 mars au 5 avril 2019
Vernissage : Lundi 1er avril 2019 à partir de 17h

Maya Tevally

Maya Tevally, artiste peintre et photographe est née en 1972 à Markhopi et réside à Paris, après avoir fui en 1993 la Géorgie du Caucase, nation alors à peine affranchie du bloc des républiques soviétiques. En pleine guerre des Balkans, elle traverse l’Europe, d’Orient en Occident, munie d’un simple sac à dos, qu’elle finit par perdre à mi-chemin, dans une migration maritime et terrestre de quatre mois. Son exode commence le jour de ses vingt-et-un ans.

Installée en France, elle sillonne le pays pour interroger sans relâche deux genres : le portrait et la nature morte.

Au mois d’avril 2018, l’artiste entreprend un autre périple. Elle retourne dans son pays, mais cette fois-ci, sa destination ne sera plus son lieu de naissance, elle se rend dans un autre lieu : le lieu interdit. Car cette série photographique provient du désert de Garedja, à quarante kilomètres de sa ville natale, sur la route de la soie, devenue zone frontalière avec l’Azerbaïdjan et l’Iran et camp militaire soviétique et, de ce fait, longtemps inaccessible. Les grottes-monastères de David, à moitié vandalisées, vestiges de la chrétienté orthodoxe du désert, hébergent les dernières natures mortes de l’artiste.

L’autre Ibérie

« Mes ascendants étaient des montagnards nomades depuis la nuit des temps, musiciens, pleureuses de veillées, tisserandes de mère en fille. Ces êtres voyageurs vivaient et se déplaçaient au gré de leur travail. Nous étions aux portes de l’Asie. A côté, le Daghestan, en Cis Caucase, le pays des tapis, des teintures, des tissus, de marchandes de couleurs… Enfant, j’accompagnais ma grand-mère au cimetière…Elle était pleureuse professionnelle : elle pleurait les morts des autres...
Je pouvais passer mon temps à déambuler à travers cette vaste nécropole où chaque mort honorable et digne d’une famille éplorée avait son effigie apposée sur une gigantesque stèle noire. Avec le recul, ce lieu, je le vois comme une exposition d’images en noir et blanc, assortie de noms, de titres et légendes, à la manière des photogrammes du cinéma muet. La vision des femmes endeuillées foulant la neige qui, de loin, paraissait leur arriver à même la taille, et le chant rituel de ma grand-mère m’accompagnent encore aujourd’hui dans ce que l’on appelle couramment une démarche artistique. Pour autant, je ne pense pas avoir créé une seule image digne de ce tableau emprunté à mon enfance. »

Cette exposition est réalisée dans le cadre du colloque international La Retirada et l’exil républicain espagnol en Bretagne, 80 ans après (1939-2019). Histoire, mémoire, création, organisé par l’Université de Bretagne Occidentale (HCTI-EA 4249 - Département d’Espagnol)